Quai de l'oubli
Yves Gonnord et Jean-Jacques Boitard
J’ai grandi dans mon berceau
Sur les Chantiers de l’Atlantique
Mes parents étaient métallos
Les marteaux
Chantaient leur musique
Le jour où l’on m’a baptisé
Fanfare et bulles de champagne
Ma marraine m’a surnommé
Normandie, Provence
Ou Bretagne
Coque de fer, coque de bois
Le vent du large nous appelle
Ancre de fer, tête de bois
Hisse la voile encore une fois !
Puis on a mis ma destinée
Aux mains de braves capitaines
Vieux marins et jeunes gabiers
St Malo, le Havre ou Marseille
On a fendu les océans
Franchi le détroit de Messine
Et toutes les mers de Chine
De l’Extrême au Moyen-Orient
Coque de fer, coque de bois
Le vent du large nous appelle
Ancre de fer, tête de bois
Hisse la voile encore une fois !
On a vu tous les continents
De l’Ancien jusqu’au Nouveau Monde
Trimbaler des milliers de gens
Pour voir si la terre était ronde
Aujourd'hui je suis désarmé
Et je rouille et je me languis
Là-bas, au bout de la jetée
Qu’on appelle le quai de l’oubli
Coque de fer, coque de bois
Le vent du large nous appelle
Ancre de fer, tête de bois
Hisse la voile encore une fois !
S’il vous plait coulez- moi en mer
Pour échapper aux chalumeaux
Qui nous coupent en petits morceaux
Pour fabriquer des containers
Et qu’ainsi par un soir d’été
Je disparaisse à l’horizon
Quelques dauphins pour compagnons
Pour linceul, la grande marée…
Coque de fer, coque de bois
Le vent du large nous appelle
Ancre de fer, tête de bois
Hisse la voile encore une fois !
J’ai grandi dans mon berceau
Sur les Chantiers de l’Atlantique
Mes parents étaient métallos
Les marteaux chantaient leur musique
Coque de fer, coque de bois
Le vent du large nous appelle
Ancre de fer, tête de bois
Hisse la voile encore une fois !
Ad libitum…