Pytheas
Thierry Brayer et Jean-Jacques Boitard
Pythéas court dans les ruelles
Va-t-en guerre contre le temps perdu
L'an qui vient le sépare à peine
D'ces années qui n'en peuvent plus
Quand il voit ces petites collines
Recouvertes par le béton
Il se dit, il faut qu’je je chine
Quelques p'tites gouttes de pardon
Les gens disent qu'ils cherche querelle
Que sa place est plutôt au d'sus
Moi, j'vois bien qu'l'a ville s'rait plus belle
Si Gyptis avait plus d'vertu
Elle mettrait tout près d'sa cuisine
Du laurier, quelques beaux draps blancs
Ça cach'rait quelques murs d'usine
L'pas d'sa porte s'rait pour les passants
Elle entendrait toutes ces lingères
Alpaguer ce beau ciel tout bleu
Racontant leurs petites misères
Y'a l'école, la bonne mère, les vieux
Elles nous diraient ces commères
Qu'Massalia, c'est mieux qu’Paris
C'était s'qu'annonçait Homère
Qui de Phocée l'avait prédit
Pythéas, tout près de la plage
Tout songeur se dit, non de Zeus
Quand J'vois ça, ça me fout en rage
J'aurais bien du fermer les yeux
Quand j'ai mis le pied dans la glaise
Le beau-père qu'est un p'tit malin
M'a dit "viens donc prendre un peu tes aises "
D'puis j'trouve même plus mon jardin
J'peux plus mettre de noms aux visages
Rue Colbert les gens sont tous blancs
Ah mais j'en vois un tout près du passage
C'est un mec tout grec, j'crois qu'c'est un parent
Tous ses petits frères sont dans la marine
Voguant loin des terres sur les Océans
Me laissant encore, et ça me débine,
Au lieu de galères quelques estivants
Et sur ce vieux port que la terre entière
Nous envie un peu en s'moquant de nous
J'achète mon jasmin près des poissonnières
Et j'l'offre à Gyptis pour faire des jaloux
Le mistral du nord caresse mes narines
L'mimosa, la mer et le ciel tout bleu
Me font oublier, toute cette cuisine
Et j'me dis, peut-être, qu'j'aurais pas fait mieux
Pythéas, de loin, regarde sa ville
Deux mille six cent ans, ça vaut un reçu
L'année qui s'en vient fait que se défile
Tous ces petits siècles qu'il n'aura pas vu
Tous ces petits siècles qu'il n'aura pas vu